croco argos2003
Psychanalyse et troubles bipolaires

ARGOS2003

  La psychanalyse apporte beaucoup à la compréhension générale des personnes ( psychologie), c'est un outil de connaissance précieux et c'est un outil de traitement pour une certaine catégorie de troubles, les névroses. Par contre, son apport dans le traitement des psychoses est nul. Mais la modestie n'est pas plus une maladie professionnelle chez les psychanalystes que chez les médecins. L'effet de bord des arguments des psychanalystes, comme critiques de la psychiatrie est, dans le traitement délicat des troubles bipolaires, au mieux une faute professionnelle ("Coquin qui donne plus qu'il n'a" Freud) et au pire criminel. 
  La présente page n'est que la recension de  quelques notes de lecture sous la lumière cruelle - pour eux-mêmes surtout - de "patients" confrontés aux troubles bipolaires.
 
EN CONSTRUCTION

  Freud et les psychoses. Freud "Her professor" de psychiatrie. (1902) puis construit la psychanalyse comme un complément de la psychiatrie (Charcot, étude des aphasies). Il reconnait les limites de la psychanalyse sur les idées délirantes et la mélancolie, par exemple. Distinction entre névrose et psychose pour expliquer cette incapacité d'analyse et de traitement..
  Lacan et les psychoses. Apport de Freud. Apport de Clérambault. Re-analyse du cas du président Schreber (paranoia). Ambitionne de traiter les psychoses, mais ne dit pas comment. Distinctions ultra-fines entre le signifié et le signifiant jusqu'à l'insignifiant et la logorhée, mais dans un langage clair et magnifique. Pour les traitements, finit par suivre la position de Freud. Lacan, Althusser, Freud et Mme Althusser.
  Pensée et pratique psycho-pathologique actuelle  Division entres écoles : Freud - Lacan - "Autres".  Sans oublier la psychologie clinique, les psychothérapies comportementalistes, etc..
  Apport de la psychanalyse aux psychiatres. Vision d'ensemble. Tony Anatrella et les processus de l'adolescent. La psychanalyse, un langage pour parler des processus psychologiques. Description utile et traitement (plus limité). Critique des psychiatres ordinaires. "Ils redressent une colonne vertébrale avec un marteau", "camisole chimique", "lit de Procuste", critiques de Foucault sur l'institution. La plainte du généraliste  : "J'ai 29 anti-dépresseurs dans mon Vidal, lequel dois-je choisir ?"
  Psychiatres et troubles bipolaires. Formation des psychiatres, les plus médiocres des internes et leur compétence sur les troubles bipolaires : un sur six disent les mauvaises langues médicales sont capables de faire un diagnostic. Tenir compte de l'âge.Henry Ey et la dépression bipolaire. Quasi-absence de recherche psychiatrique en France. Des médicaments très (trop ?) efficaces sans compréhension de l'étiologie sous-jacente. Formation des psychanalystes à la psychiatrie (epsilon sur deux).
  La plainte psychosomatique. Hydrothérapie. Acupuncture. Oméga3. Psychanalyse, etc...Le fétichisme du médicament..
  Faisons un rêve. La psychanalyse comme complèment de la psychiatrie. Les moments privilégiés de la formation complémentaire.
  Et les troubles bipolaires ?  Les grands absents de la psycho-pathologie.Karl Abraham et la "psychose périodique". Mélanie Klein et la maniaco-dépression chez l'enfant. Inintéressants pour la psychanalyse : quel est l'inconscient derrière l'alternance des cycles ?. Le chemin de croix des bipolaires, de psychiatre incapable (ou incompétent), en psychanaliste délirant.
  Retours d'expériences. Quelques exemples glanés sur les forums spécialisés.
  Une nécessaire modestie.
. 

Références (SGDG)

ABRAHAM(Karl).  (Etude de la psychose périodique). Oeuvres Complètes Payot

ALTHUSSER(Louis) Ecrits sur la psychanalyse. Stock 1993.
Le communisme sera : l'électrification+ les soviets (Lénine) + La pratique psychanalytique de masse  (Jacques Martin vers 1960)
p174 Citation pour la page d'exergues  des "petites incongruités portatives" de René Diatkine.
Freud et Lacan. (1964).

ANATRELLA (Tony) Interminables adolescences (1999)
Cerf.

BERNARD (Jean) De la biologie à l'éthique Buchet-Chastel 1990
La médecine du passé est inefficace et sacrée, protégée par les incantations des chamans, par le latin et la robe de Diafoirus. La médecine moderne est efficace et doit assumer sa responsabilité. Comme l'écrit Canguilhem "la médecine, puisqu'elle est désormais scientifiquement et techniquement armée, doit accepter de se voir radicalement  désacralisée"  p24
"Lorsque le physicien se désespère, le psychologue est plein d'assurance", écrivait ,dès 1902, Paul Valéry.Mais même lorsque le physicien ou plus exactement le neuro-biologiste reprend espoir, le psychologue reste plein d'assurance.. p147.
 Dans les services hospitaliers consacrés aux maladies graves  .. des relations étroites doivent être établies entre familles des malades et médecins responsables. J'ai..consacré chaque jour ma première heure d'hopital .. à ces entretiens avec les parents des mlades qui nous étaient confiés. L'opinion des parents est presque toujours généreuse, utile. Presque toujours, mais non pas toujours, l'opinion pouvant dépendre des intrigues de la comédie bourgeoise.
  "La pédiatrie serait facile s'il n'y avait pas les parents", cette remarque du professeur Robert Debré est assez souvent vérifiée. p240-241

EY (Henry). Traité de psychiatrie.

FREUD (sigmund)  Contribution à la conception des aphasies  (1891) Edition française PUF (1983)
Conclusion p150 et 155.
"Nous sommes partis de la découverte de Broca qui, pour la première fois, a relié une forme déterminée du trouble du langage, l'aphasie motrice (qu'il appelle aphémie) à la lésion d'une aire corticale déterminée."
"Lorsque Wernicke eut découvert la relation entre l'aire qui porte son nom et l'aphasie sensorielle, l'espoir a dû naître que l'on puisse comprendre cette multiplicité grâce aux seules circonstances de la localisation. Il nous semble maintenant que l'importance du facteur de localisation a été éxagérée et que nous ferions bien de nous occuper à nouveau des conditions fonctionnelles de l'appareil du langage."

FREUD (sigmund). Conférences d'introduction à la psychanalyse . (1917). Edition française Gallimard ,
16ème conférence. Psychanalyse et psychiatrie.p311-327 p321.
 analyse d'une idée délirante. "Chez quelles personnes se forment des idées délirantes et particulièrement des idées délirantes de jalousie ? C'est sur ce point que nous voulons maintenant écouter le psychiatre, mais c'est sur ce point qu'il nous laisse en plan. Au total, il ne consent qu'à un seul de nos questionnements. Il va explorer l'histoire familiale de cette femme et nous apporter peut-être la réponse : les idées délirantes surviennent chez les personnes dans les familles desquelles des perturbations psychiques semblables et autres sont survenues à plusieurs reprises. En d'autres termes, si cette femme a développé une idée délirante, c'est qu'elle y était disposée par transfert héréditaire.. Vous voulez savoir pourquoi la psychiatrie scientifique ne veut pas nous donner d'autres éclaircissements. Mais je vous réponds : Coquin qui donne plus que ce qu'il a. Il doit se contenter d'un diagnostic et d'un pronostic pour la suite, incertain malgré une expérience abondante.; [analyse psychiatrique de l'idée délirante] Je l'ai fait pour procéder à une comparaison entre la psychiatrie et la psychanalyse. Mais il est une question que je suis en droit de vous poser : avez-vous remarqué quoi que ce soit qui soit de l'ordre de la contradiction entre les deux ? La psychiatrie n'applique pas les méthodes techniques de la psychanalyse, elle omet de relier quelque chose au contenu de l'idée délirante, et en invoquant l'hérédité,elle nous donne une étiologie trés générale et très lointaine, au lieu de mettre au jour une causation plus spécifique et plus immédiate. Mais y-a-t-il là une contradiction, une opposition ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un complément. .. Il n'y a rien dans l'essence du travail psychiatrique qui puisse regimber contre l'investigation psychanalytique. ce sont donc les psychiatres qui s'opposent à la psychanalyse pas la psychiatrie...
Mais peut-être qu'à présent la psychanalyse tant combattue a aussi parmi vous des amis qui verraient d'un bon oeil qu'elle put aussi se justifier par un autre biais, le biais thérapeutique. Vous savez que la thérapie psychiatrique qui est jusqu'ici la notre est incapable d'influencer les idées délirantes.La psychanalyse le pourrait-elle éventuellement grâce à l'intelligence qu'elle nous donne du mécanisme de ces symptômes ? Non messieurs, elle ne le peut pas; face à ces pathologies, elle est -au moins provisoirement - tout aussi impuissante que l'est n'importe quelle autre thérapie.. Nous avons le droit, voire le devoir, de pratiquer la recherche sans égard à un effet d'utilité immédiate. Au terme - nous ne savons pas où ni quand - chaque parcelle de savoir se transformera en savoir-faire, également en un savoir-faire thérapeutique  "
17ème conférence. Le sens des symptômes. p 329-348
27ème conférence . Le transfert. p 556-557
" Mais il y a d'autres formes de maladie dans lesquelles, en dépit de conditions identiques, notre procédure thérapeutique n'a jamais de succès. .. Et pourtant, nous ne parvenons pas à supprimer une résistance ou à éliminer un refoulement. Ces patients-là, paranoiaques, mélancoliques, patients atteints de dementia praecox, restent dans l'ensemble inentamés et cuirassés contre la thérapie psychanalytique. D'ou cela peut-il venir ? Pas du manque d'intelligence ..Nous ne pouvons pas déplorer l'absence d'aucune des autres forces motrices. Les mélancoliques ont par exmple dans une très large mesure la conscience d'être malades et d'endurer pour cette raison de si grandes souffrances, conscience qui fait défaut aux paranoiaques, mais ils n'en sont pas pour autant plus accessibles"

FREUD (sigmund) article "Névrose et psychose"

FREUD(sigmund) La perte de la réalité dans la névrose et la psychose" 1924 (Oeuvres Complètes -PUF - Vol XVII p 37-41)

KAHN (axel) Et l'homme dans tout ça  ? 2000 Nil Editions
" Selon cette conception (la biogénie de Henkel) , le développement embryonnaire (ontogénie) récapitule de manière accelérée la succession des modifications qui ont transformé les espèces au cours de l'évolution (phylogénie).
Largement fondée sur des données de morphologie embryonnaire arrangées pour confirmer la théorie, dans la plus pure tradition de l'idéologisation de la science, cette vision est aujourd'hui totalement abandonnée" p 140
"L'incommunicabilité entre les spécialistes de l'inconscient et ceux du cerveau  est demeurée totale pendant longtemps. Le rejet indigné , manifesté par de nombreux courants psychanalytiques , de l'origine organique de certains troubles psychiques a pu conduire à des positions aussi excessives que celles des tenants du déterminisme absolu des comportements. Cela s'est notamment manifesté avec Bettelheim et ses élèves, par la thése selon laquelle l'autisme infantile procéderait généralement d'un trouble de la relation de la mère à l'enfant. ... Il n'est pas sûr que d'avoir culpabilisé  durant des décennies des mères ayant déjà à vivre dans la douleur l'affection de leurs enfants ait été vraiment une bonne action" p 175
" Plaidoyer pour une synthése moderne :
 1). La principale caractéristique du cerveau humain comparée à celle des autres mammiféres est sa plasticité; celle-ci est génétiquement déterminée. .. En d'autres termes, le développement des capacités mentales et du psychisme humain est l'aboutissement de la rencontre entre un cerveau génétiquement impressionnable et la multitude des "impressions" dont sa plasticité lui permettra de garder les empreintes.
2). Puisque la plasticité cérébrale dépend d'un programme génétique, ses caractéristiques ou ses altérations peuvent en moduler ou en altérer la qualité. ... Il est probable que la micro-variabilité génétique de cette plasticité rende compte , pour partie, des différences de caractère, d'aptitude scolaire ou de dons diversdes membres d'une même fratrie élevés dans un environnement socio-culturel similaire. Cependant le déterminisme génétique de la plasticité est à l'évidence plurigénique et probablement combinatoire."
3). Il y a aujourd'hui consensus pour penser que le mécanisme de la plasticité cérébrale est cellulaire, liée aux immenses capacités de connexion entre les neurones et au réarrangement permanent de ceux-ci.  (facteurs de complexité) . Ce mode d'action du contrôle génétique sur le fonctionnement cérébral confirme que la notion de l'intervention prédominante d'un petit nombre de génes dans ces propriétés complexes est bien improbable, pratiquement non envisageable.
4). Le cerveau est en partie précablé .. de notre aptitude particulière au langage, voire, comme certains le proposent au sens moral. Cependant, l'extraordinaire augmentation de la plasticité des circuits neuronaux chez l'homme , comparée  à celle des autres mammiféres, lui donne la possibilité unique d'une réinterprétation, d'une réappropriation humaine de ses caractères et comportements innés, même de ceux qui correspondent à des cablages plus anciens [ Exemple de la sérotonine] L'animal possédant une sérotonine élevée dans le  cerveau a pour seul choix de  répondre par un comportement agressif envers ses congénères. En revanche , l'Homme est capable d'utiliser  cette propension  à la vivacité de réaction, à l'agressivité, de multiples manières.... Les génes humains , sélectionnés au cours de l'évolution, ont cette remarquable propriété de permettre à Homo Sapiens de déserrer l'étau  de ses déterminismes génétiques en le sensibilisant à l'influence du contexte , aux influences épigénétiques. Nos génes constituent la condition de notre responsabilité et de notre liberté.
5). L'extraordinaire complexité cérébrale rend bien improbable tout déterminisme étroit ou les réactions du système dépendraient précisement des paramètres qui le ontrôlent : la nature des stimulus, leur perception et leur traitement par des processus mentaux portant l'empreinte à la fois de l'inné et de l'acquis.... Indéterminabilité au sens des systèmes complexes.
  La notion selon laquelle les déterminismes génétiques et épigénétiques laissent subsister un espace d'indéterminabilité ne dit certes rien de la nature d'un choix qui serait l'expression d'une liberté réelle, mais elle en conserve la possibilité"p 186-194

KLEIN(Mélanie). Article "Contribution à la psychogénèse des étasts maniaco-dépressifs" 1934

LACAN (Jacques) Séminanire T3 (1955-1956). Les psychoses. Le Seuil. Collection Le champ freudien.
Introduction à la question des psychoses.  "La paranoia, pour la doctrine freudienne, a une situation privilégiée, celle d'un noeud, mais aussi d'un noyau résistant". " Freud trace une ligne de partage des eaux  entre paranoia d'un côté et  ..[ce]qui correspond exactement au champ des schizophrénies"." Il ne s'est pas mêlé beaucoup plus que cela de nosologie en matère de psychoses, mais sur ce point il est très net" .
  "Dans l'ordre des psychoses, Clérambault reste absolument indispensable". "La notion de l'automatisme mental est apparamment polarisée dans l'oeuvre et l'enseignement de Clérambault par le souci de démontrer le caractère essentiellement anidéique, comme il s'exprimait, des phénoménes qui se manifestent dans l'évolution de la psychose, ce qui veut dire non conforme à une suite des idées."

LACAN(Jacques) Ecrits.
Seuil p583
D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose. "Dire ce que sur ce terrain nous pouvons faire serait prématuré, parce que ce serait aller maintenant "au-delà de Freud" et qu'il n'est pas question de dépasser Freud, quand la psychanalyse d'après Freud en est revenue, comme nous l'avons dit, à l'étape d'avant.
  Ou du moins, est-ce qui nous écarte de tout autre objet que de restaurer l'accès de l'expérience que Freud a découverte.
  Car user de la technique qu'il a instituée, hors de l'expérience à laquelle elle s'applique, est aussi stupide que d'ahaner à la rame quand le navire est sur le sable".