CLINIQUE
DU TROUBLE BIPOLAIRE
Un diagnostic difficile pour un trouble fréquent. Dr
Frédéric SLAMA(Créteil)
Attention portée aux prodromes et à
la période intercritique :
- prodromes avec le syndrome d'hyperactivité avec
déficit d'attention (en liaison avec les
pédo-psychiatres)
- période intercritique : essentiel pour le diagnostic
différentiel avec la schizophrénie.
Description clinique des troubles bipolaires Dr Christian GAY(Paris)
Présentation de quelques
vignettes cliniques, après les généralités
habituelles (pour les auditeurs de ses conférences)
QUELLE PRISE EN CHARGE POUR LE PATIENT
BIPOLAIRE
Rôle du médecin
généraliste Pr Marie-Christine HARDY (Versailles)
A). La non-reconnaissance des troubles
bipolaires n'est pas seulement le fait du généraliste,
mais aussi du psychiatre et même du service hospitalier.
Tranche à risque : hommes de 25 à 45 ans qui
refusent la maladie. Difficile mais nécessaire à faire
son deuil d'être bien portant.
Contact direct avec le conjoint ou l'acompagnant
nécessaire pour une compliance au traitement. Pour 90% des
membres des familles c'est une "détresse majeure" que de vivre
avec un bipolaire.
Schéma classique : étiologie -> diagnostic
-> traitement. Ne marche pas pour les troubles bipolaires.
B). Mise en place dans le Sud-Yvelines d'un
partenariat entre psychiatres et médecins
généralistes, avec la création d'une consultation
pour "avis" dans un court délai d'un psychiatre à la
demande d'un généraliste.
23% sont suivis exclusivement par un généraliste.
Q1. Que faire si le malade refuse son traitement ?
Nouvelles perspectives
thérapeutiques (Zyprexa) Dr Frédéric
SORBARA(Eli-Lilly)
Présentation
des études de justification du Zyprexa.
Les effets extra-pyramidaux du Zyprexa, tels qu'ils apparaitons
dans la nouvelle édition du VIDAL.
Patients qui préférent traiter les épisodes
plutôt qu'un traitement thymorégulateur.
Pas de neuroleptiques dans les dépressions bipolaires.
HDT nécessite des contacts
famille-patient-médecin.
ATELIERS : AIDE AU DIAGNOSTIC
Dr Chantal Henry (Bordeaux)
Technique de l'arbre
généalogique.
Hyperéactivité émotionelle et
tempéraments associés.
Présentation d'une vignette clinique (cas d'une
enseignante "dépressive" très active ordinairement) et
recherche des symptômes "bipolaires".
Derrière chaque dépression on doit suspecter un
trouble bipolaire latent ou réél.
Dr Jean-Albert MEYNARD (la
Rochelle)
Dysthyroidie fréquente avec les cycles
rapides.
Le lithium n'admet sa pleine efficacité
préventive parfois qu'au bout de 2 ans.
REVUE
DE PRESSE
Faible impact pour les
réunions sur les troubles bipolaires au MEDEC. La terminologie
ne semble pas fixée pour le grand public, trouble de l'humeur ou
maniaco-dépression ou troubles bipolaires ?. Les deux premiers
titres sont approximatifs et témoignant d'une
méconnaissance du sujet. "Jean qui rit et jean qui pleure" est
une image inadéquate pour les phases d'exaltation et de
dépression. Le zyprexa, qui apporte un complément
thérapeutique très utile, n'est pas deux fois plus
efficace que le
lithium.
1). Yahoo actualités (Web) Jean qui rit et Jean qui pleure: des
troubles bipolaires non-diagnostiqués? vendredi 19 mars 2004,
18h00
2). Le parisien libéré. (journal) Troubles de l'humeur :
un traitement deux fois plus efficace Laure Pelè - Le parisien
libéré. 20-03-2004
3). Les Echos(journal) « Maniaco-dépression : un
dépistage difficile » (Les Echos - 25 mars 2004)
Dr
Frédéric SLAMA (Créteil)
Trouble
Bipolaire de l’humeur : un diagnostic difficile pour un trouble
fréquent.
Le trouble bipolaire de l’humeur (anciennement psychose
maniaco-dépressive) est caractérisé par la
récurrence d’épisodes dépressifs majeurs et de
manies ou
d’hypomanie, de fréquence et d’intensité variables. Sa
prévalence sur la vie entière se situe aux alentours de
1% ; il concerne donc environ 600 000 personnes en France.
Cependant, bien que ce trouble soit fréquent, dix
années s’écoulent le plus souvent entre les premiers
symptômes et le premier traitement thymorégulateur. Ce
délai s’explique en grande partie par la difficulté
rencontrée par les praticiens (généralistes ou
psychiatres) pour porter ce diagnostic ; à moins d’être
confronté à
une manie, une hypomanie ou un état mixte, le diagnostic de
trouble bipolaire de l’humeur ne peut être que
rétrospectif. Le risque suicidaire important, le
raccourcissement des cycles avec le temps, la désocialisation et
l’augmentation du nombre des hospitalisations avec le temps en
constituent les principaux dangers. Le fait de poser précocement
le diagnostic autorise pourtant l’instauration immédiate d’un
traitement prophylactique adapté et le plus souvent efficace. Il
paraît donc primordial d’insister tant sur les
éléments cliniques qui peuvent aider au diagnostic mais
aussi sur les quelques particularités cliniques des
périodes inter-critiques dites à tort «
asymptomatiques » qui peuvent aussi apporter leur contribution
à l’élaboration du diagnostic.
Clinique
du trouble bipolaire
Dr Christian GAY
La maladie maniaco-dépressive aujourd’hui dénommée
trouble bipolaire concerne 1,3 % de la population
générale. Deux formes sont aujourd’hui
individualisées : le Type I (0,8%) qui regroupe les
évolutions avec des états maniaques ou des états
mixtes et le Type II (0,5%) qui se caractérise par l’existence
de phases hypomaniaques et des épisodes dépressifs
majeurs. Ces deux catégories de troubles sont stables,
c’est-à-dire que dans 90%, il n’a pas été
relevé d’un passage du type I au Type II et
réciproquement.
Cette maladie est grave en raison des suicides, des conduites à
risques, de la désinsertion socioprofessionnelle et familiale,
des comportements violents. Le taux de mortalité est deux fois
et demi plus élevé que celui de la population
générale. La fréquence des suicides est
évaluée à 15% chez l’adulte et à 20%
l’adolescent. Au plan économique, cette affection est
responsable de coûts indirectes très élevés
: perte de rendement, invalidité, suicide,
désocialisation, poursuites judiciaires…
Les deux expressions de la maladie sont toutes aussi invalidantes. La
phase maniaque s’accompagne plus fréquemment de troubles du
comportement qui ont des conséquences majeures sur l’insertion
du sujet et qui peuvent conduire à des poursuites judiciaires.
Le défaut d’anticipation et la recherche de sensations fortes
mettent en jeu le pronostic vital du maniaque.Le début se situe
à la fin de l’adolescence et au début de l’âge
adulte. Le diagnostic est posé tardivement après
plusieurs années d’évolution, exposant le patient aux
différentes complications de la maladie et à une
désinsertion précoce. La fréquence des formes
délirantes précoces, l’atypicité et le
caractère atténué des premières
manifestations de la maladie font souvent évoquer d’autres
diagnostics à ce stade.
Il existe une co-morbidité importante, en particulier avec
les abus de substance qui touchent 60% des bipolaires. D’autres
troubles sont aussi fréquemment rencontrés :, troubles
paniques et troubles obsessionnels compulsifs, troubles de la
personnalités…
L’épisode maniaque se caractérise par l’intensité
et la richesse de la symptomatologie et justifie dans la
majorité des cas une hospitalisation en raison de l’agitation et
de l’activité délirante. Il existe une euphorie
pathologique, une irritabilité, une excitation psychomotrice
avec une accélération des processus idéïques
aboutissant à une fuite des idées, un état de
désinhibition qui s’exprime au plan instinctivo-affectif, une
insomnie. Les formes délirantes sont fréquentes :
des idées délirantes sont constatées dans
48% des cas, des préoccupations mystiques dans 39% des cas, une
thématique persécutive dans 15%, un syndrome d’influence
dans 15 % des cas et des hallucinations dans 15%.
Les états mixtes, qui constituent une autre modalité
d’expression du trouble bipolaire de type I, se caractérisent
par une intrication de symptômes dépressifs et maniaque.
La fréquence de cette forme symptomatique est
évaluée à 20%. Le risque suicidaire est majeur.Les
états hypomaniaques sont des formes atténuées de
la manie. Si les complications médico-légales sont moins
fréquentes, il existe néanmoins des conséquences
financières importantes et un risque de désinsertion non
négligeable en raison de la persistance des symptômes,
ceux-ci n’étant pas reconnus et traités.
Les épisodes dépressifs qui alternent avec les phases
maniaques ou hypomaniaques se caractérisent par certaines
spécificités : hypersomnie, hyperphagie,
émoussement affectif, ralentissement. Il est classique
d’attribuer aux neuroleptiques classiques un rôle
précipitant.
Les formes à cycle rapide (4 épisodes au moins au
cours d’une année), représentent 20% des troubles
bipolaires. Leur survenue est favorisée par des perturbations
thyroïdiennes et la prescription d’antidépresseurs
tricycliques. Les neuroleptiques classiques pourraient aussi
accélérer les cycles.
La précocité de la mise en place du traitement
conditionne le pronostic et l’évolutivité de cette
maladie. La reconnaissance précoce des symptômes qui
annoncent une récidive maniaque et l’institution rapide d’un
traitement médicamenteux permettent d’enrayer le processus
maniaque et d’éviter l’hospitalisation.
La qualité de la tolérance médicamenteuse
conditionne l’observance thérapeutique, rendant possible une
prise en charge en ambulatoire, à la condition qu’une alliance
thérapeutique ait pu s’instituer entre le patient et son
médecin
Il est reconnu que le nombre d’accès antérieurs est
corrélé au risque de résistance.L’existence d’une
comorbidité, la consommation d’alcool, l’existence de troubles
de la personnalité sous-jacents (trouble borderline et
personnalité antisociale) constituent des facteurs de
gravité et de résistance thérapeutique.
Abstract « Les Troubles
Bipolaires » MEDEC – 18 mars 2004-03-10
«
Rôle du Médecin Généraliste »
Pr. M.C.Hardy-Baylé
Aucune référence consensuelle ne permet de définir
« a priori » le rôle du médecin
généraliste dans la prise en charge du patient bipolaire.
Celui-ci se décline dans un partenariat « médecin
généraliste – psychiatre » qui prend en compte, sur
un plan individuel, les connaissances et les compétences de
chacun et définit les motifs et les conditions d’adressage au
spécialiste.
Cependant, les connaissances acquises sur cette population de patients
posent deux pré-requis « généraux »
aux modalités de prise en charge :
- une connaissance des dysfonctionnements dans la trajectoire de
soins
de ces patients imputables aux professionnels et pouvant être
améliorés par une «
information – formation » de chacun des acteurs de soins
- la nécessité de recenser les critères utiles
pour
décider d’un recours au spécialiste et préciserles
conditions d’un suivi ambulatoire par un médecin
généraliste d’un patient bipolaire.
Nous aborderons ces deux pré-requis en apportant des
données sur l’importance et les difficultés du
repérage précoce de la bipolarité et sur les
caractéristiques de la prise en charge des patients
présentant ce type de troubles. Une discussion sur les
critères utiles à une définition des rôles
du médecin généraliste et du psychiatre ou de tout
autre acteur de soins dans la prise en charge du patient bipolaire sera
ouverte à partir de l’expérience acquise de ce type de
partenariat dans le réseau santé mentale yvelines sud.
Docteur Frédéric SORBARA. Psychiatre,
Conseil Scientifique Neurosciences. Suresnes, Lilly France.
Traitement des épisodes maniaques
Les dernières recommandations de l’American Psychiatric
Association accordent une place de plus en plus importante aux
antipsychotiques atypiques dans le traitement des épisodes
maniaques [1] et les algorithmes décisionnels du Texas [2]
préconisent l’utilisation de l’Olanzapine en monothérapie
dans le traitement des épisodes maniaques.
L’Olanzapine a démontré son efficacité dans
le traitement des épisodes maniaques d’intensité
modérée à sévère quelle que soit la
forme clinique lors de cinq essais cliniques randomisés, en
double insu, totalisant près de 1300 patients [3,4,5,6,7].
L’Olanzapine en monothérapie entraine une diminution de la
symptomatologie maniaque au moins aussi importante qu’avec le
Divalproate dans les états mixtes et les cycles rapides, formes
qui répondent généralement
moins bien au Lithium [5]. Chez les patients ne répondant
pas favorablement à un traitement par Lithium ou Divalproate au
bout de 15 jours, le fait d’associer de l’Olanzapine entraîne une
amélioration significativement plus importante dans les six
semaines suivantes [6]. Par ailleurs, les résultats
d’efficacité de l’Olanzapine dans les manies non
délirantes suggèrent une efficacité de
l’Olanzapine qui serait en partie indépendante de son
efficacité antipsychotique.
Traitement préventif des récidives maniaques et
dépressives
Le traitement des épisodes maniaques n’est en fait qu’une partie
de la prise en charge des troubles bipolaires puisqu’il s’agit d’une
pathologie à haut risque de récidive. Or la
fréquence, la durée et l’intensité des
épisodes ultérieurs sont des éléments
pronostiques importants [8,9]. L’efficacité de l’Olanzapine au
plus long cours et dans la prévention des récidives
maniaques et dépressives a été
évaluée à partir de quatre essais cliniques d’une
durée allant de 47 à 71
semaines.
Nous disposions déjà d’arguments en faveur d’une
efficacité de l’Olanzapine sur le plus long terme puisque dans
l’extension de l’étude versus Divalproate à 47 semaines,
l’efficacité constatée sur l’amélioration de la
symptomatologie maniaque se poursuivait avec le temps avec une
efficacité significativement supérieure de l’Olanzapine
sur les premières semaines [10]. Dans l’étude
d’association (Olanzapine + Lithium/Divalproate) sur une durée
de 71 semaines, les patients en rémission sous cothérapie
avaient une plus forte probabilité de rester en rémission
avec le temps comparativement aux sujets sous seul traitement par
Lithium ou Divalproate [11].
L’efficacité de l’Olanzapine dans la prévention des
récidives maniaques et dépressives a été
démontrée à partir de deux essais
randomisés, en double insu, portant sur une période de 1
an.
Dans l’essai versus Lithium [12], les patients étaient inclus en
phase maniaque, ils recevaient un traitement associant l’Olanzapine au
Lithium jusqu’à obtention de la rémission (durant 6
à 12 semaines) puis ils étaient randomisés en deux
groupes (Olanzapine ou Lithium). Après un an de suivi des sujets
qui avaient atteint un niveau de rémission symptomatique, les
patients sous Olanzapine ont présenté un taux de
récidives bipolaires (maniaques ou dépressives)
comparable à celui
des patients sous Lithium (30.0% vs 38.8%, p=0.055). Chez les
patients sous Olanzapine on retrouvait deux fois moins de
récidives maniaques que sous Lithium (14.3% vs 28.0%, p<0.01)
et ce pour un taux de récidive dépressive comparable
(16.1% vs 15.4%, p=0.895). Un pourcentage significativement plus faible
de patients traités par Olanzapine a été
hospitalisé pour récidives au cours de l’étude
(14.3% vs 22.9% ; p=0.026) [12].
Les données issues de l’essai versus Placebo permettent de
confirmer l’efficacité de l’Olanzapine dans la prévention
des récidives à la fois maniaques et dépressives
[13]. Les patients ayant atteint un niveau de rémission
symptomatique après un traitement en monothérapie par
Olanzapine ont été randomisés en deux bras de
traitement (Olanzapine ou Placebo). Après un an d’observation,
le taux de récidive symptomatique était en faveur de
l’Olanzapine avec une réduction
significative du taux de récidives maniaques et
dépressives.
La tolérance de l’Olanzapine a été bonne,
notamment sur le plan extrapyramidal ; il n’y a pas eu de cas de
dyskinésie tardive à l’issu des essais sur le long cours.
Un prise de poids a été observée chez certains
patient en l’absence règles
hygiéno-diététiques.
L’ensemble des ces données a permis à l’Olanzapine
d’obtenir une indication européenne dans la prévention
des récidives maniaques et dépressives chez le patients
souffrant d’un trouble bipolaire ayant préalablement
répondu à l’Olanzapine pour un épisode maniaque
(indication européenne le 24 octobre 2003). L’Olanzapine est
donc non seulement une molécule antipsychotique mais aussi un
traitement antimaniaque et thymorégulateur [14]. Avec
l’arrivée de l’Olanzapine dans cette nouvelle indication, de
nouvelles perspectives thérapeutiques pour le traitement des
troubles bipolaires s’ouvrent désormais aux cliniciens.
Références
1.
American Psychiatric Association, 2002
2.
Suppes
et al, 2002
3.
Tohen
et al, Am J Psych 1999
4.
Tohen et al, Arch Gen
Psych 2000
5.
Tohen et al, Am J Psych
2002
6.
Tohen et al, Arch Gen
Psych 2002
7.
Tohen
et al, Données internes
8.
Goodwin
et Jamison, 1990
9.
Manning
et al, 2002
10.
Tohen et al, Am J
Psych 2003
11.
Tohen et al, Données
internes
12.
Tohen
et al, Bipolar Disorders 2003
13.
Tohen
et al, Bipolar Disorders 2003
14.
Résumé des Caractéristiques
Produit, Vida
Ateliers:
aide au diagnostic: Dr Chantal HENRY
Dr Jean-Albert MEYNARD
Il faut a priori rechercher des indices de bipolarité devant
tout tableau de dépression. En effet du fait de la grande
hétérogénéité clinique de cette
pathologie aucun tableau n’est exclusif. Devant un épisode
dépressif, il faut donc rechercher des éléments en
faveur d’une alternance d’épisodes dépressifs et
maniaques ou hypomanes, entrecoupés d’intervalles libres (retour
à l’état de base), et ce du fait de la fréquence
élevée des troubles bipolaires (1% de la population
générale). Quelques chiffres pour appréhender
l’importance de cette démarche :
- il se passe en moyenne 8 ans entre le début des troubles
et le
fait que le diagnostic correct soit posé
- 73% des patients reçoivent au moins 1 diagnostic incorrect
- 3 à 5 médecins sont vus avant le bon diagnostic
Malheureusement cela n’est pas sans conséquence : la
mortalité est 2,5 fois plus importante que dans la population
générale, et 19% des patients non traités
décèdent par suicide (Goodwin and Jamison, 1999). De plus
le risque de désinsertion familiale, sociale et professionnelle
augmente avec la prise en charge tardive.
Les dépressions bipolaires peuvent présenter certaines
particularités cliniques. Elles ont généralement
un début plus précoce que les dépressions
unipolaires. Elles sont également plus à risque
suicidaire et sont plus souvent associées à des
éléments psychotiques. De plus, la symptomatologie
retrouvera plus fréquemment (Goodwin et Jamison, 1990):
- une hypersomnie (à la place de l’insomnie)
-
une hyperphagie à la place de la perte d’appétit,
notamment avec une appétence pour le sucré
-
un ralentissement moteur important
-
un ralentissement des processus idéiques
-
un émoussement affectif
-
un état plus sévère le matin avec
difficultés importantes pour se mettre en route
-
un risque de virage de l’humeur sous antidépresseur (Henry et
al., 2001; Henry et Demotes-Mainard, 2003)
Le risque majeur est le passage à l’acte suicidaire qu’il est
nécessaire d’évaluer systématiquement et qui sera
d’autant plus à craindre qu’il existe un scénario
précis sur la façon de procéder.
L’évaluation de ce risque est la meilleure façon de le
prévenir, et n’est en rien incitative.
Face à une dépression il faut rechercher
systématiquement :
-
Des antécédents personnels de dépression,
d’hypomanie et de tentative de suicide.
-
Des antécédents familiaux de troubles de l’humeur.
En
effet, le trouble bipolaire est une maladie à
déterminisme complexe associant des facteurs de
vulnérabilité génétique et des facteurs
environnementaux. L'existence d'une vulnérabilité
génétique vis-à-vis de ce trouble est
établie depuis longtemps. Elle repose sur l'observation d'une
agrégation familiale définie comme l'augmentation du
risque de présenter la maladie chez les apparentés de
premier degré (10 %) en comparaison de sa prévalence dans
la population générale (1%). Cette concentration
familiale du trait repose en partie sur des facteurs
génétiques puisque la concordance pour le trouble est en
moyenne de 60% chez les jumeaux monozygotes contre seulement 20% chez
les jumeaux dizygotes. Il conviendra de rechercher les
antécédents familiaux si possible à partir d’un
arbre généalogique.
En commençant par les
parents biologiques, l’arbre devra s’étendre au moins à
la fratrie des parents et à leur descendance (cousins germains),
aux grands-parents et à la fratrie du proposant. Pour chaque
sujet, il convient d’obtenir des informations sur l’âge, le
statut marital, parental et professionnel, les
antécédents psychiatriques en demandant de
préciser la nature des troubles, la notion de prise de
traitement, les hospitalisations, les tentatives de suicide et leur
mode.
Au delà de la pathologie
psychiatrique à proprement parler, il est possible ainsi de se
faire une idée du mode de fonctionnement général
de l’ensemble de la famille proche. De plus, le fait de passer en revue
un à un les sujets permet d’obtenir des informations beaucoup
plus précises que lors d’une simple question ouverte sue les
antécédents psychiatriques familiaux. Il faut
éventuellement interroger les proches pour compléter les
informations.
- Des troubles comorbides qui sont fréquents avec une
attention
particulière pour les troubles anxieux et les addictions qui
sont retrouvés avec une prévalence de 20 à 40%
(Henry et al., 2003).
- La personnalité pré-morbide du sujet correspondant
souvent à un tempérament hyperthymique ou cyclothymique
(Akiskal and Mallya, 1987).
Contrairement aux idées reçues, il existe de nombreuses
circonstances pouvant induire des dépressions bipolaires. Elles
peuvent survenir :
- spontanément
- de manière récurrente et saisonnière
(notamment
en automne)
- après un événement pénible
(ceci a
été longtemps méconnu car les dépressions
bipolaires étaient considérées comme
endogènes par opposition aux dépressions dites
psychogènes ou réactionnelles). Nous savons maintenant
que les accès dépressifs ou maniaques font souvent suite
à des stress positifs (une promotion par exemple) ou
négatifs (Swendsen et al., 1995).
- après un accès maniaque (dans 50% des cas)
Contrairement a ce que la dénomination du DSM-IV peut laisser
supposer, les épisodes dépressifs ‘majeurs’ (en fait il
faut comprendre ‘caractérisés’) peuvent être
d’intensité modérée, avec la possibilité
par exemple de rester, pour le patient, relativement efficient
dans le cadre d’une activité professionnelle, ou bien
d’intensité sévère et éventuellement
accompagnés d’éléments psychotiques.
Résumés
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